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Les PAVOTS (2) Les Papaveracees du genre "Papaver"
rappel : les Pavots (1) = la famille des Papavéracées
 suite  : les Pavots (3) = les Papaveracees d'un genre autre que "Papaver"
            

     LES ESPECES DE PAPAVERACEES DU GENRE "PAPAVER"

  Le type primitif est le Pavot à soies, (Papaver setigerum), pavot à feuilles velues, à capsule munie d'orifices sous le disque stigmatique.
  Il tire son nom du mot celtique "PAPA" qui signifie bouillie; autrefois, en effet, les graines de la plante étaient mêlées à la bouillie des enfants pour les faire dormir (cf la flore de Gaston Bonnier). .
  Le genre regroupe pavots et coquelicots;
  Les fleurs, généralement dimères (verticilles à deux pièces florales), à deux sépales tombant après la floraison et à quatre pétales séparés et quatre étamines, sont solitaires et régulières ou en grappes irrégulières.
  L'ovaire supère, uniloculaire, est formé de deux ou plusieurs carpelles.

1) LES PAVOTS DES JARDINS

 - Le Pavot somnifère (genre: Papaver; espèce: somniferum ) est très proche du Papaver setigerum.   
 C'est une herbacée rustique annuelle, assez haute (1,2 m), qui pousse sur un sol drainé et frais et supporte le calcaire.
 Les feuilles, à base élargie, de couleur vert grisâtre,
entourent complètement la tige au niveau de leur insertion.
 La fleur comporte 4 pétales de couleur variable suivant les variétés (blancs, violacés, roses...)
 L'androcée
est formé de nombreuses étamines noires.
 Le fruit est constitué par une capsule sphérique renfermant de très nombreuses graines de petite taille.                                    
  On distingue deux variétés :   
                          - le Pavot blanc ou Pavot à opium [Papaver somniferum, variété album]  
Fleurs à corolles blanches et à fruit indéhiscent (dont les graines ne peuvent être libérées sans destruction du fruit) contenant des graines d’un blanc jaunâtre.
                         - le Pavot noir ou Oeillette [Papaver somniferum, variété nigrum]
Fleurs à corolles d’un rouge violacé et à fruit déhiscent (dont les capsules, plus globuleuses que celle du pavot blanc, présentent des pores sur le bord du plateau stigmatique, par lesquels les graines sont libérées à maturité) contenant des graines noires (plus exactement gris-bleu-ardoisé).
    
        Le latex :  
                          - Le latex du pavot blanc, sève laiteuse récoltée après incision des capsules immatures, produit l'opium,  substance de couleur brunâtre, qui, une fois sec, présente une odeur forte, une saveur amère, âcre et nauséeuse et
dont la vente est strictement réglementée, ainsi que celle de ses dérivés, la morphine qui peut elle-même être transformée en di-acétyl-morphine ou héroïne. [Le pavot somnifère possède en effet la capacité unique de synthétiser la codéine, la morphine et divers autres alcaloïdes de benzylisoquinoline (papavérine et  sanguinarine).
C'est le latex qui, grâce aux alcaloïdes qu'il contient, agit comme un puissant antalgique, favorisant le sommeil, euphorisant, spasmolytique, antidiarrhéique et antitussif.  
                           - Le latex du pavot noir étant aussi un psychotrope, la culture de l'oeillette est donc réglementée.
        Les feuilles :  
                           Elles  ont été, autrefois, consommées comme celles de l'épinard.
        Les graines
 :
                           
Vertes, elles ont un pouvoir narcotique; mais elles ne renferment plus d'alcaloïde quand elles sont mûres.      Sur les parois de la gaine de chaque capsule se développent en moyenne 3000 graines rondes, de couleur bleu-ardoisé,  chacune mesurant environ un millimètre de diamètre; et mille graines de pavot pèsent environ 0,5 g.
   Récoltées puis travaillées, elles ont permis de développer :
   1) pour leurs vertus comestibles, des applications thérapeutiques et nutritionnelles :
 - En émulsion (10g pour 200g d'eau), elles furent utilisées comme émollient et comme spécifique contre les constipations opiniâtres et le catarrhe de la vessie. 
 - Comme épice, les graines de pavot bleu-noir sont toujours employées en Europe Centrale et au Moyen Orient. Une fois cuites, elles possèdent en effet un goût de noisette qui, en France par exemple, aromatise encore nombre de pâtisseries.
 Elles parfument aussi les crèmes, entrent dans la composition de farces.
 Elles donnent du goût aux fromages frais, relèvent pâtes et nouilles et donnent de la consistance dans les caris indiens.
 Elles servent à décorer les pains, les potages et les soupes. 
 - Le pollen de pavot, est particulièrement riche en Thiamine (B1), laquelle intervient dans le fonctionnement du système nerveux, et joue un rôle dans la mémorisation, ainsi que dans le fonctionnement musculaire, du muscle cardiaque plus particulièrement.  cf site pollenenergie.fr 
 - Par première pression à froid, broyées et pressées, elles produisent une huile, plus riche encore que l'huile de tournesol, en acides gras poly-insaturés : elle possède donc une valeur médicinale certaine en cas d'hyper-cholestérolémie et de troubles circulatoires.
  2) pour leurs vertus siccatives, des applications industrielles
 - Par seconde pression, on obtient aussi, une huile blanche siccative pour la peinture à l’huile : elle sert à délayer les couleurs blanches et claires dont elle n'affaiblit point l'éclat ; on la blanchit, à cet effet, en l'exposant au soleil dans des vases plats et ouverts qui sont remplis d'eau salée et d'huile par parties égales.
Les peintres flamands s'en sont servis abondamment.
cf site dotapea.com
 - C'était aussi une huile qu'on employait pour l'éclairage.

le Pavot d'orient (Papaver orientale) appelé également pavot de Tournefort est une plante vivace très décorative, aux grandes fleurs de 10 à 18 cm d’un rouge orangé et ses nombreuses autres variétés.
le Pavot à bractées * (Papaver bracteatum) ou (pseudo-orientale) rouge vif, originaire du Caucase et de l'Asie mineure.                                        * sortes de petites feuilles qui sont à la base de certaines fleurs et qui les protègent. 
- le Pavot atlantique (Papaver atlanticum), appelé également pavot de l'Atlas, plante vivace originairedu Maroc; espèce  à feuilles dentées, très pubescentes mais de courte durée de vie; fleurs solitaires, orangées.

 2) LES PAVOTS A L'ETAT NATUREL 

 - le Pavot des Moissons (papaver rhoeas erraticum) ou coquelicot ; autres noms vernaculaires : ponceau, gravesolle, coq, pavot des champs, mahon, chaudière du diable. [photos]
D'abord écrit coquelicoq (1545), son nom serait une variante de l'ancien français coquerico, qui désignait le coq par onoma- topée, mais on peut y voir aussi une métaphore assimilant la couleur de la fleur à celle de la crête du coq [cf Wikipedia].    
Le coquelicot est très fréquent dans les prairies de fauche ou sur les bords des routes. 
Les feuilles sont profondément divisées en lobes étroits. Les pétales sont rouges, souvent tachés de noir à la base. 
La tige est hérissée de poils et les boutons sont inclinés vers le bas. La capsule est glabre et allongée.
Le fruit du coquelicot (fruit sec déhiscent constitué par de nombreux carpelles soudés) est formé par un péricarpe sec qui s'ouvre, à maturité, par plusieurs pores rayonnants.

 Il était déjà présent dans les ornements funéraires dans les sépultures égyptiennes.
 Les Grecs mangeaient les jeunes feuilles en salade, coutume qui s'est poursuivie en Italie jusqu'au 16 éme siècle.
 La tige des jeunes plantes constitue une excellente salade sauvage; on peut la consommer aussi en potage.
 Au 19 éme siècle et au 20 ème, il était associé, dans des bouquets patriotiques, à la marguerite et au bleuet. 
 Parce qu'il contient un alcaloïde opiacé, la rhoeadine, c'est un excellent sédatif (une infusion de pétales combat l'anxiété, la nervosité,  l'émotivité, l'insomnie, les palpitations cardiaques).
 Parce qu' il contient un mucilage (substance pouvant capter une grande quantité d'eau, ce qui lui permet d'avoir un effet couvrant et protecteur), c'est un antitussif efficace. [Il fait partie de la célèbre "tisane aux quatre fleurs" (tisane pectorale), avec le pied-de-chat, la mauve et le tussilage.]
 Plusieurs confiseurs de Nemours ont perpétué, jusque dans les années 1930, la fabrication des bonbons au coquelicot initiée par  François Etienne Desserey vers 1850. En 1996, la chocolaterie Des Lis commercialise, de nouveau, cette ancienne recette. 

 Infusions, sirops et décoctions :
 - I
nfusion : 1 pincée de pétales secs pour 1 tasse d'eau bouillante au coucher.
 - Sirop : verser 1 litre d'eau bouillante sur 65 gr. de pétales secs
               laisser infuser 6 heures; filtrer;
               ajouter 180 gr. de sucre pour 100 gr. de liquide.
               Doses quotidiennes (à répartir dans la journée) : 1 cuillerée à café pour les enfants de 15 mois à 3 ans.
                                                                                        2 cuillerées à café pour les enfants de 3 à 5 ans.
                                                                                        3 à 5 cuillerées à café pour les enfants de 5 à 12 ans.
                                                                                     1   5 à 10 cuillerées pour les adultes.
 - Décoction (combat l'insomnie des enfants) :  8 à 10 capsules sèches par litre d'eau, mêlée à du lait chaud à raison de 3 à 4 cuillerées à soupe.

 Divertissements :

 - Pour conserver sa capsule, passer le bout de la tige sous une flamme.
 - Pour réaliser une poupée en coquelicot :
   Rabattre les pétales autour de la tige et les attacher avec une herbe.
   Pour les bras, passer un morceau de tige à travers le corsage, formé par les pétales au-dessus de la ceinture ; la capsule figure la "tête" de la poupée.

 Traditions :
 - A la campagne, la veille de Noël, les jeunes filles plaçaient quelques graines de coquelicot dans leur corsage... Lorsqu'elles se déshabillaient, après la messe de  minuit, le nombre de graines qui tombaient totalisait le nombre de leurs futurs prétendants.
 - Les garçons, eux, se servaient des pétales de coquelicot pour fabriquer des pétards : frappés d'un coup sec, ils éclataient en produisant une détonation.
 

Autres variétés :
-Le
Pavot rigide (Papaver rhoeas strigosum). Cette variété se distingue de l'espèce principale par les poils appliqués du pédoncule floral.
Pour certains botanistes, c'est un hybride entre Papaver rhoeas et Papaver dubium.

-Le pavot douteux (
Papaver dubium). Très commun en France dans les cultures et les terrains fraîchement retournés, il est beaucoup plus petit que le coquelicot. Les feuilles sont profondément divisées en lobes étroits.
Ses quatre pétales rouges (d'un rouge plus clair que celui du coquelicot), souvent tachés de noir à la base, ne se chevauchent pas.
La capsule est glabre. Les pédoncules floraux portent des poils appliqués sur la tige. Ses fruits (capsules) sont  plus longs que larges.
-Le pavot hybride (Papaver hybridum) Cette espèce, très voisine du coquelicot, se rencontre dans les cultures et les décombres. Elle est commune au sud de la Loire, rare au nord.  Les feuilles sont découpées;  les pétales sont rouges, tachés de violet sombre à la base. Les anthères sont d'un bleu plus ou moins violacé. La capsule ovale porte des soies arquées..
-Le pavot Argemone (Papaver argemone) Cette espèce se rencontre partout en France dans les lieux pierreux ou sablonneux où elle peut être, ou rare, ou abondante. Les feuilles sont divisées en segments étroits. Les pétales, d'un rouge pâle, souvent un peu orangé, avec généralement une tache noire à la base, ne se chevauchent pas. La capsule, allongée, porte des poils hérissés.
-Le pavot arctique (Papaver radicatum),  est originaire de Scandinavie; ses fleurs sont jaune pâle et son latex est blanc ou jaune.
 
-
 Le Pavot des Alpes
[Papaver alpinum]  (Papaver rhaeticum) ou (Papaver aurantiacum) ; Pavot du Ventoux, Pavot rhétique.
 Il est présent dans les rocailles du Vercors, des Alpes méridionales, dans le Vaucluse* notamment, et des Pyrénées.
* En 1992, le Ventoux a été classé réserve de la biosphère par l’UNESCO pour la richesse de sa faune et de sa flore.
 Il croît aussi dans les pierriers et les éboulis mouvants des Hautes-Alpes et se rencontre dans quelques stations du Dévoluy.  
 Les fleurs, à quatre pétales, apparaissent, de juin à août, sous deux formes : l'une jaune d'or, l'autre entièrement blanche, à l’exception d’une auréole jaune au centre de la fleur.
 Autre variété : Papaver alpinum julicum

- le Pavot d'Islande (Papaver croceum) a pour synonyme (Papaver nudicaule).
 C'est une plante que l'on peut trouver, à l'état naturel, dans les Hautes-Alpes, dans la région du Col Agnelle.
 Son feuillage est très découpé; ses feuilles tombent après la floraison.
 Ses fleurs colorées (blanc, rouge, orange ou jaune), reparaissent à l'automne.
 
à suivre LES PAVOTS (3) : QUELQUES PAPAVERACEES DE GENRES AUTRES QUE PAPAVER
rappel : LES PAVOTS (1) : LA FAMILLE DES PAPAVERACEAE                                                                                                                                                         

Liens
  
  Huile d'oeillette
  Huile de noix
  Huile d'éclairage et lampes à huile
  Oléagineux
  Le Pavot somnifère 1   notice où il est écrit, à tort, que l'huile d'oeillette est extraite des graines de pavot blanc.  
  Le Pavot somnifère 2
  Les pavots
                                                               Sources documentaires et illustrations
  Flore de France et de Franche-Comté
  plantencyclo.com [7000 plantes (8000 à 10 000 espèces) identifiables grâce à un moteur de recherches]  
  Le réseau Tela Botanica   

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