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  I.- THIBAUD IV, COMTE DE CHAMPAGNE, COURONNE ROI DE NAVARRE en 1234

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Sur le site<Troyes d'hier à aujoud'hui>:Thibaud IV le Chansonnier (1223-1253)
                                                          Les Comtes de Champagne  


  «Thibaud IV est celui des comtes de Champagne qui est resté le plus célèbre. Son talent de poète, la légende selon laquelle il aurait rapporté d'Orient la rose de Provins*, la passion qu'on lui prêta pour la reine Blanche de Castille, sont autant d'éléments qui ont contribué à son aura. A 33 ans, Thibaud fut couronné roi de Navarre : c'est l'un des aspects de sa vie, et pas le moindre, qui est pourtant souvent occulté, en Champagne du moins.
Le 7 avril 1234, Sanche VII, surnommé « le Fort » pour sa stature et son courage - mais « faible en l'art de gouverner », précisent les chroniqueurs espagnols - rend l'âme dans sa forteresse de Tudela où il vivait malade et reclus depuis des années après un règne chaotique marqué par son caractère fantasque. Il est décrit par les historiens comme « poursuiveur de mirages et amant de fumées ».
À la mort de Sanche, la Navarre a un seul héritier légitime : le fils de sa sœur Blanche de Navarre, Thibaud IV de Champagne. Si la perspective d'être roi réjouissait Thibaud, ce successeur n'était pas du goût de Sanche le Fort qui avait tenté une ultime manœuvre avec l'adoption fantaisiste de Jayme, le roi d'Aragon, qui avait renoncé rapidement et spontanément à cette paternité farfelue.
Les chroniqueurs ont des versions différentes pour expliquer les réticences de Sanche à l'encontre de Thibaud, tout comme ils sont en désaccord à propos d'une éventuelle rencontre entre les deux hommes.
Quoi qu'il en soit, il semble bien que le comte de Champagne, au moins par des courriers et des envoyés, ait pris contact avec ses futurs sujets du vivant de Sanche, ce qui selon certains aurait peut-être été à l'origine du courroux du souverain. Il semble bien que Thibaud ait été vivement attendu, d'autant plus que la Navarre accueillait depuis longtemps des Français : moines marchands, nobles ou soldats et bien sûr, les pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle.
En tout cas, dès le 8 avril, les ambassadeurs partent le chercher au galop, avec en tête, Don Ramirez de Pedrola, l'évêque de Pampelune qui a commencé sa carrière en Champagne, à la cour de Thibaud comme chancelier. Le 20 avril, ils arrivent à Provins. Thibaud repart avec eux le 23. Le 4 mai, ils arrivent en vue de Pampelune. Le 5 mai, en tenue d'apparat, l'héritier de la couronne entre dans une ville en fête qui l'acclame, enthousiasmée par le contraste que présente avec Sanche, cet homme de 33 ans « visage gracieux, gentille allure et florissant éclat ».
Le 7 mai au soir, comme le veut la tradition navarraise, Thibaud se rend à la cathédrale Santa-Maria pour une nuit de prière. Le 8 mai, dans l'édifice rempli de tous les grands dignitaires ecclésiastiques, de tous les « ricos hombres » - les riches hommes - les hidalgos, les caballeros et les députés, Thibaud reçoit de l'évêque de Pampelune, la couronne des rois de Navarre après avoir juré, la main sur l'Évangile, obéissance aux « fueros », c'est-à-dire aux droits et coutumes.
Puis sous les vivats, selon l'ancienne coutume des rois wisigoths, il est porté en triomphe par douze chevaliers, couronne sur la tête et sceptre à la main, debout sur un bouclier. La foule ovationne celui qui est désormais Don Téobaldo el Primero.
Le nouveau souverain prit très au sérieux et non moins à cœur son nouveau rôle.
Amputé de la moitié de son territoire au début du XIIIe siècle, suite aux guerres fratricides avec la Castille et l'Aragon, le royaume de Navarre - situé principalement en Espagne, mais englobant alors le versant français des Pyrénées jusqu'à Bayonne et Saint-Jean-Pied de Port -, représentait un territoire de trois cents kilomètres sur cent cinquante. Autrement dit, un pays plus petit que le comté de Champagne mais avec pour Thibaud, la gloire du titre de roi. Il commença par visiter la Navarre, de long en large, avant de s'attacher à moderniser et à rationaliser le pays. D'abord au plan juridique. Les fameux « fueros » qui constituaient les coutumes et les privilèges étaient multiples, variant d'une région voire d'une ville à l'autre, les textes originaux étant par là même éparpillés partout. Thibaud chargea quarante émissaires de les réunir et de les transcrire. Parallèlement, il initia le même processus avec toutes les chartes signées par ses prédécesseurs et par lui-même. Elles furent regroupées sous le nom de « Cartulaire de Thibaud », qui existe toujours.
C'est aussi Thibaud qui généralisa le calendrier de l'ère chrétienne. Jusque-là, les Espagnols comptaient les années à partir de la conquête romaine : - 39 avant Jésus-Christ.
Les Navarrais lui furent particulièrement reconnaissants des progrès qu'il initia en agriculture dans ce pays dépeuplé et paupérisé par les guerres. Dans ce pays où l'outillage restait rudimentaire, Il importa les acquis qui faisaient leurs preuves en Champagne, qu'il s'agisse des céréales ou de la culture fruitière. Comme le souligne un chroniqueur, il fit venir de son comté des équipes de laboureurs et de jardiniers : « La Navarre fut en peu de temps merveilleusement rendue plantureuse et opulente en biens ».
Outre le blé et l'olivier, la vigne et le mouton constituaient les richesses du royaume, dont les exportations s'intensifièrent.
Le règne de Thibaud fut marqué par la paix. Sa seule guerre fut la croisade qu'il dirigea en Palestine en 1139-1140 et dans laquelle le suivit, entre autres, une troupe de quatre cents Navarrais. Un seul conflit de longue haleine : celui qui l'opposa à Don Pedro Ximenez de Gaçolas, successeur en 1238 de Don Ramire à l'évêché de Pampelune, qui en 1246, frappa d'interdit toutes les églises de Navarre et d'excommunication un souverain qu'il ne trouvait pas assez pieux. Le roi dut aussi faire face à une ligue de seigneurs contestataires qu'il parvint assez facilement à juguler.
 Thibaud n'abandonna pas la Champagne mais il partageait son temps entre son comté et son royaume. En Navarre, où il séjourna fréquemment, pendant des périodes continues de deux ou trois ans -plus de dix ans au total- il avait pour résidence de prédilec- tion le palais d'Estrella, où selon les chroniqueurs, le roi consacrait ses loisirs à la poésie, parfois en compagnie de Colin Muset.
 Lorsqu'il mourut, à Pampelune, en juillet 1253, celui qu'en Champagne on appela « Thibaud le Chansonnier » fut qualifié en Espagne de « Thibaud le Grand ».
 Son fils lui fit édifier, dans la cathédrale Santa-Maria, un mausolée entièrement décoré d'émaux de Limoges.
 A la cathédrale de Pampelune, il est porté en triomphe, debout sur un bouclier, par douze chevaliers
 A la mort de Thibaud, sa veuve, Marguerite de Bourbon, assura la régence jusqu'à la majorité de l'aîné de ses fils : Thibaud V, sacré à Pampelune le 27 novembre 1253. Marié à Isabelle, la fille aînée du roi de France Louis IX, il poursuivit sur la voie de son père : son règne fut synonyme de paix et de prospérité en Navarre. Il mourut en Sicile, en décembre 1270, pendant la croisade. Le 1er mars 1271, c'est son frère Henri III qui fut sacré à Pampelune. Son règne fut de courte durée. Henri le Gros décéda en Navarre le 22 juillet 1274. Avec lui, s'éteignait la lignée des comtes de Champagne-rois de Navarre. Il laissait une jeune veuve, Blanche d'Artois, qui, effarée par les menaces de la Castille et de l'Aragon, remit ses droits de régence au roi de France, Philippe III le Hardi. Lorsque la fille de Blanche et d'Henri III, Jeanne de Navarre, épousa en 1284, Philippe le Bel, la Navarre - comme la Champagne - fut rattachée à la France. Au grand dam des Espagnols ! Qui se rebellèrent.
 Sources : Don Thibalt El Primero, par André Finot, Troyes 1918.
 Article publié dans l'Est-Eclair le dimanche 29 mars 2009
 * la rose de Provins 
  Thibaud IV rapporta, en 1240, d’une croisade qui ne lui avait pas permis d'atteindre les Lieux Saints, Rosa Gallica Officinalis, une variété de roses rouges qu’il fit planter dans les environs de Provins. [ *cf la rose de Provins ]
  La devise des comtes de Champagne, "PASSE AVANT LE MEILLEUR", cri de guerre et de ralliement des soldats des armées de Thibault, est une des plus anciennes de France.  
                                     
II.-    LES COLONIES IBERIQUES DANS L'AUBE ET DANS L'YONNE  

 Quand Thibaud IV fut roi de Navarre en 1234, des colonies ibériques s'installèrent à proximité de Nogent-sur-Seine.
 Elles sont aussi présentes à Montigny-le-Guesdier, dont les habitants sont appelés les Espagnols, à Villeneuve-aux-Riches- Hommes (Aube) et à Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne). Aussi les vocables « Riches-Hommes » recouvrent-ils directement les termes "Ricos Hombres" issus du vocabulaire de la noblesse espagnole.
« La noblesse de bannière, est une espèce particulière de noblesse que l’on distingue en Espagne de celle de chaudière ; on appelle la première, noblesse de bannière, parce qu’elle vient des grands seigneurs qui servaient avec la bannière pour assembler leur vassaux & sujets ; les autres étaient appelés ricos hombres, ou riches hommes ; leurs richesses ne servant pas moins à les distinguer que la vertu & la force : ils étaient aussi appelés nobles de chaudière, parce qu’ils se servaient de chaudières pour nourrir ceux qui les suivaient à la guerre ; de là vient que dans les royaumes de Castille, de Léon, d’Aragon, de Portugal, de Navarre, & autres états d’Espagne, plusieurs grandes maisons portent les unes des bannières, les autres des chaudières en leurs armoiries, comme des marques d’une ancienne & illustre noblesse. La Roque, ch. CLXXVIII ».
 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers...par Denis Diderot, Jean Le Rond d' Alembert - 1ère éd. tome11.
 
[...] De prétendre maintenant que le nom et la dignité de grand fit connue avant Charles-Quint, c'est ce que je crois sans aucun fondement, d'autant qu'il ne paraît rien qui distinguât le grand du rico-hombre, pu, si Ton veut, les ricos-hombres entre eux, du côté des prérogatives. J'ai donc lieu de me persuader que c'est une idée de vanité, destituée de toute réalité, pour donner plus d'antiquité à la dignité de grand, en faire perdre de vue l'origine, et la relever au-dessus de celle des ricos-hombres, lesquels étaient les plus grands seigneurs en naissance et en puissance, relevant immédiatement de la couronne, et avec droit de bannière et de chaudière, qu'ils mirent souvent dans leurs armes, d'où on en trouve tant dans celles des maisons d'Espagne ; or, comme le titre de ricos-hombres, leurs armes et ces marques passèrent peu à peu à leurs cadets, et ensuite dans d'autres maisons par les filles héritières, c'est de là, comme je l'ai remarqué, que les ricos-hombres étaient devenus si multipliés par succession de temps lorsqu'ils disparurent jusqu'au nom même à l'invention de celui de grand par l'adresse et la puissance de Charles-Quint.  
Comme ce prince ne donna point de patentes pour cette dignité, il est très difficile de distinguer, parmi les premiers grands espagnols, ceux qui, pour ainsi dire, le demeurèrent, c'est-à-dire, qui de ricos-hombres devinrent insensiblement grands, conservant simplement sous ce titre les prérogatives que leur donnait celui qu'ils avaient eu jusque-là, d'avec ceux qui, n'étant point du nombre des ricos-hombres, furent néanmoins faits grands dans la suite par le même Charles-Quint. J'aurais du penchant à croire que ce prince eut le ménagement de n'élever à la grandesse que ceux de ce rang parmi les Espagnols, pour les flatter davantage dans ce grand changement, quoique je n'aie aucun autre motif de cette opinion que celui de la convenance. Si elle était vraie, cette distinction à faire serait peu importante, puisqu'il ne s'agirait entre eux que de n'avoir point cessé de jouir de leurs prérogatives, par un passage comme insensible d'un titre ancien à un nouveau, ou d'avoir cessé d'en jouir un temps, et d'y avoir été rétablis après par ce mot cobrios, dit sans cérémonie, ou par une lettre missive sans forme de patentes, ni de vraie nouvelle concession. Quoi qu'il en soit, la commune opinion en Espagne, et qui usurpe l'autorité de la notoriété publique, admet en ce premier ordre de grands, devenus insensiblement tels de ricos-hombres qu'ils étaient lors de l'établissement du titre de grand, les ducs de Medina-Celi, d'Escalona, del Infantado, d'Albuquerque, d'Albe, de Bejar
et d'Arcos, les marquis de Villena el d'Aslorga, les comtes de Benavente et de Lémos, pour la couronne de Castille ; et pour celle d'Aragon les ducs de Segorbe et de Montalte. et le marquis d'Ayetone. Plusieurs y ajoutent pour la Castille, les ducs, de Medina-Sidonia et de Najara, les ducs de Prias et de Rioseco, l'un connétable, l'autre amirante héréditaire de Castille, et le marquis d'Aguilar, tous à la vérité si anciennement et si fort en tout des plus grands et des plus distingués seigneurs, surtout Medina-Celi, qu'on a peine à leur disputer cette même origine. On verra dans les états des grands d'Espagne quelles maisons portaient ces titres, et de celles-là où ils ont passé.
 Mémoires de Saint Simon Volume 02 - 1700-1703 Par Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, présenté par Didier Hallépée. 
 Texte intégral de la première édition Chéruel (1858)
 
« On prétend qu’ils répondent aux anciens Magnates dont il est parlé dans le quatrième Concile de Tolède en cette opinion de Morales* Magnates quieren dezir grandes y este sue & orìgen d este titulo que con mucha dignidad & pramìnencias hast aa ora dura en Efpana ; appelles aussi Primates dans le fuero juzgo qui avoient Droit d’élire les Rois sous les Goths.
On demande si ce sont les mêmes que les Ricos Hombres. C’est l’avis de quelques Auteurs, comme de St Thomas de reg. Princ. I. 3. Ricos Hombres, dit la Loi d Alfonse le Sage lib. 6. t .9. Segun Coftumbre d Efpana fin 11 am ados los cjum oftras tierras dix en condes 0 varones.
Cependant il paraît certain que la différence est comme du genre à l’espèce ; car tous les Grands étaient Ricos Hombres mais tous les Ricos Hombres n’étaient pas Grands.                                                                                                                    
 Les Ricos Hombres, dans une Loi de Jean premier* publiée à Guadalaxara, sont nommés après les Infans, les Ducs, les Comtes, les Prieurs & les Marquis, & ce style s’observe dans les Cédules Royales.[...]
Ainsi avec cette distinction on peut concilier l’opinion des Auteurs qui confondent la Ricohombria avec la Grandese.
 Le titre de Ricohombre n’était ordinairement qu’à vie. Cependant le nom de Grand n’était pas inconnu autrefois, quoique le titre n’en fut pas donné par Lettres.[... ] »   Traité De L' Origine Des Grands D' Espagne, Par Mr. de G
Histoire Du Gouvernement De La France : De L'Origine Et De L'Autorité Des Pairs Du Royaume Et Du Parlement
Histoire De La Pairie De France Et Du Parlement De Paris : Où l'on ..., Volume 2  Par Jean Le Laboureur

« Le Docteur Larréa dont les décisions sont si respectées dans tous les Tribunaux d’Espagne était si pleinement convaincu de ce que nous venons de dire qu’après avoir allégué plusieurs raisons pour prouver la différence qu’il ya toujours eu entre les Grands & Ricos hombres décide la question en disant que, quoi qu’anciennement les Grands fussent Ricos hombres, il ne s’enfuit pas pour cela que tous les Ricos hombres fussent Grands . Igitur inde apparet dit ce avant Jurisconsulte ut quamvis antiqui Magnâtes ejjent Rki bomines tamen non erat conséquent omnes Ricos bomines effe Magnâtes.  D’autant, continue- t-il, que pour obtenir la Grandesse il faut posséder d’opulents Etats, avoir des Vassaux & des rentes considérables & qu’anciennement,  il y avoit des Ricos hombres Confirmateurs des Privilèges qui ne possédaient pas un pouce de terre & qui ne dévaient la qualité qu’ ils portaient qu’aux Charges qu’ils exerçoient dans le Palais du Roi, aux Emplois Militaires ou bien aux Gouvernements des Provinces. Quia ad horum Dignitatem necejsarium esse praediximus, possìdere Potentatum, Baronias, & Regalia : at verò Rici bomines plures antiquitus inveniuntur in confirmatione Privilegiorum, qui nec Titulum, Potentatum, aut Baronìam habebant , sed solùm aliquo munere, vel Officio in Aula Regum, aut in Bello, vel Gubernatione Regnorum fungebantur.
  Cela est si vrai que bien loin que les Ricos hombres ayent jamais été confondus avec les Grands, l’Histoire fait foi que plusieurs Ricos hombres ont été a la solde des Grands en qualité de Domestiques[...] »
Annales d ́Espagne et de Portugal Par Juan ALVAREZ DE COLMENAR

« Lorsque le regard, en quelque occasion solennelle, embrassera une multitude, il arrivera qu’il distingue et ordonne : comites, nobiles, milites ou bien condes, ricos hombres, caballeros. ...
la signification de miles et de caballero relève de deux critères de classement des hommes. Le premier critère, fonctionnel, distribue ceux-ci parmi les oratores (oradores), les bellatores (defensores) et les laboratores (labradores). Sous ce critère, miles, caballero, désignent un homme appartenant au groupe des guerriers.
 La signification “ ordinative ” de miles ou caballero dans l’évocation de l’adoubement et de ses effets est un dérivé quasiment sacramentel du signifié fonctionnel, non un sens nouveau. Le second critère est hiérarchique : en-dessous des comites (condes), en-dessous des nobiles (ricos hombres), en-dessous même, en castillan, des infançones, milites et caballeros formaient la strate inférieure de l’ordre militaire. Une signification (fonctionnelle) extensive, une signification (hiérarchique) restrictive : entre les deux, tous les jeux étaient permis et le discours sociologique médiéval ne s’en priva pas.
Avec nobilis, le latin médiéval donnait à miles un compagnon doté d’une semblable duplicité, et ceci en vertu du troisième et dernier critère de la sociologie médiévale : le critère “ naturel ”. Le terme avait en effet vocation à désigner, extensivement, l’entier d’un groupe social doté héréditairement d’un ensemble de privilèges à la naissance – ainsi qu’une frange d’hommes pour qui l’acquisition de ces privilèges était assimilée à cette innéité - et, restrictivement, une strate de ce groupe : la plus haute, cette fois. Ainsi, le binôme lexical milites, nobiles eut la singulière puissance sémantique de désigner, synthétiquement, sous un critère soit fonctionnel soit naturel, l’ensemble de l’aristocratie laïque (milites allant, sur ce terrain, au-delà de nobiles) et, analytiquement, chacune des deux grandes strates hiérarchiques dont ce groupe était l’addition.
 Le roman dissocia les deux signifiés de nobilis, exprimant le signifié naturel (ou assimilé au naturel) par la lexie fijo dalgo, le signifié hiérarchique par la lexie rico hombre. Quant à lui, caballero conserva à peu près tout le sens de miles. Par opposition aux ricos hombres, il continua de désigner une aristocratie de second rang par la richesse et la puissance. Associé à fijo dalgo ou dissocié de lui, il put désigner deux groupes, l’un noble l’autre non, de cette strate aristocratique. Employé absolument, caballero perdit toutefois beaucoup de terrain sur fijo dalgo pour désigner l’ensemble de l’aristocratie laïque. Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, le critère naturel fut préféré au critère fonctionnel pour cette opération. Caballero ne laissa pas pour autant de désigner l’ensemble des guerriers à cheval sous le rapport de l’exercice de leur fonction - notamment en situation d’évaluation : “ buen caballero ”, “ el mejor caballero ”- de même que, sous la modalité sacramentelle de la fonction, tous ceux d’entre eux –quelle que fût leur position hiérarchique, mais dans les limites naturelles de la fidalguía- qui avaient “ reçu la chevalerie».
 « Ces jeux lexicaux, bien entendu, ne nous informent que très grossièrement de la réalité chevaleresque. On voit cependant la chevalerie scindée entre nobles et vilains, hiérarchisée par la richesse et le pouvoir, solidarisée par la fonction ou son apparat symbolique. Ils peuvent aussi servir, le moment venu, à déjouer les stratégies d’écriture. Les traités et les chroniques, après la chanson de geste, nous montrent un groupe, quoique divisé et chamailleur, redoutable en tant que dépositaire agréé de l’arsenal militaire du royaume. Son estimation quantitative est encore balbutiante. Sans doute fut-il, dans une péninsule où le combat contre le Maure, réel et constant, alimenta longtemps la cupidité des guerriers, organisa le social et structura le politique, plus nombreux, plus efficient, plus influent que partout ailleurs en Occident. Il fut aussi extrêmement divers : chevaliers de la maisnie du roi, chevaliers des maisnies seigneuriales (les moins connus), chevaliers municipaux, moines chevaliers, sans compter les prélats sur qui la chevalerie exerça pleinement sa fascination. Les hiérarchies aussi furent infinies –même l’ordre de l’Écharpe (la Orden de la Banda), royal et extrêmement élitaire, laisse paraître dans la liste des adoubements des différences abyssales : entre ricos hombres et caballeros, certes, mais surtout au sein même des seconds. Quant à ceux-ci, quelques noms sont restés : ceux, essentiellement, d’hommes que le service du roi porta à la rica hombría. Que savons-nous du reste des lignages ? Que savons-nous des seigneuries ? Encore, sur ces points, les sources existent-elles ! Mais, que saurons-nous jamais d’un mode de vie, d’une culture, sinon à une étape très tardive et pour une poignée de puissants exceptionnellement éclairés?»
La chevalerie en Castille à la fin du Moyen Age. Aspects sociaux, idéologiques et imaginaires.Georges MARTIN Université Paris-Sorbonne
 lecture complémentaire : FONTAINE-FOURCHES-EN-CHAMPAGNE
                                                                                             
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