Bienvenue à FONTAINE-FOURCHES 

                                                                                          ▼                                                                                                   "Fontaine-Fourches est la commune francilienne la plus éloignée du centre de Paris." WIKIPEDIA
                                                      L'argile - mineurs & mines 
 rappel :
Les mines d’argile
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                                                                             Les mineurs

¤ Le métier de mineur en argile est très pénible, la faible section des galeries rend très difficile la mécanisation des moyens d'abattage.
¤ Les exploitations étaient au nombre de quatre pour la région (Sté réfractaires de Provins, Ste Lombard, Sté de St Gobain, Ets Etienne Henry) et d'une vingtaine avant la dernière guerre.
¤ Il y a une vingtaine d'années l'exploitation des argiles Provinoises occupait environ 750 personnes ( cadres et ouvriers ) couvrait une superficie de presque 1200 km2.
La production de l'ordre de 600 000 tonnes, était classée en deux catégories.
- argiles céramiques (23 à 30 % d'alumine)
- argiles réfractaires (30 à 45 % d'alumine)
¤ La moitié de cette production était alors expédiée vers les pays du marché commun, le Maroc,
et certains pays de l'Est.
A cette extraction faite au marteau-bêche à air comprimé ou à l'explosif, s'ajoutait des industries de transformation: briqueteries, tuileries, atelier de calcination, broyage, déchiquetage, etc.
¤  La longueur totale des galeries souterraines était en 1969 de 34500 mais la tendance sur le
bassin de provins était la recherche de gisements exploitables à l'air libre.
¤  Depuis les années 1950, on assistait à une restructuration de la profession : le nombre de société, alors une trentaine, n'était plus que de onze en 1969 qui exploitaient 24 carrières souterraines et 7 ciels ouverts. Des nouveaux regroupements et des concentrations d'activités étaient en cours.»
       Pour les gueules grises ! et pour mon Grand-Père / Ghislain.Simonnet [Bienvenue à Soisy-Bouy / Montramé ! ou Bouy les Pommes]

 A la fin des années 1980, l’activité souterraine de l’extraction d’argile s’arrêtait. Ainsi prenait fin plus d’un demi-siècle d’une activité propre aux bassins miniers de Provins. Aucune étude accessible à un large public n’avait été consacrée à l’exploitation de l’argile dans le bassin de Provins.
En 1987, avant que ne disparaisse le monde des « gueules grises », La Commune Libre de la Ville Haute a collecté les témoignages, les outils, les documents voués irrémédiablement à l’oubli.
 Mineur en argile satisfait à la fois le lecteur simplement curieux de s’informer et celui, plus exigeant de solides références.
 De nombreuses photographies et croquis, explicités de courts commentaires, les textes et les tableaux statistiques apportent les précisions attendues.
 Ce livre document reste encore aujourd’hui le seul ouvrage traitant des techniques et des hommes témoins de cette activité essentielle de la région de Provins.
Mineur en argile - Contribution à l'étude historique... de l'extraction de l'argile dans le bassin de Provins-Villenauxe 240 p.
Édition : Provins : la Ville-Haute , 1987 - Directeur de publication : Paul Verdier (1924-1989)
Éditeur scientifique : Commune libre de la ville haute. Provins, Seine-et-Marne
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« En général la profondeur des puits n'excède pas 35 mètres.
A partir du fond du puits, on rayonne dans la couche d'argile, découpant des pains d'1,30 m de haut sur 1,13 m de large (cette largeur est conditionnée par les bois d'étaiement) et puis ré-étayage et redécoupe etc.
Le travail dans les carrières d'argile / glaisières se faisait la plupart du temps à genoux, courbé ou souvent même allongé, du fait du mètre trente de haut des galeries. L'unique raison de la petite taille de ces galeries était la volonté des exploitants et patrons de faire la moindre économie sans prendre en compte la pénibilité des carrières: le bois utilisé pour étayer les galeries était le moins cher possible, dont avec la coupe standard de 1,30m..
Des poêles/braseros étaient disposés de loin en loin dans les galeries afin de générer une circulation d'air entre 2 puits mais ces poêles échauffaient l'air ambiant dans les galeries de manière importante. Les glaisières pouvaient dégager des gaz détonants sachant qu'en plus, les poêles pouvaient générer du monoxyde de carbone par manque d’oxygène.
Il y avait aussi la problématique de percer une poche d'eau qui se trouverait aux alentours de la galerie, piégée dans l'argile (quelques tonnes d'eau suffisantes pour noyer les carriers).
C'est pourquoi il se disait à l'époque:
Les glaisiers avaient le choix entre trois genres de mort : l'asphyxie, la cuisson ou la noyade".»
« A Provins, comme dans de nombreuses anciennes villes médiévales, il n'y a pas de grands réseaux, mais une multitude de petits réseaux d'extraction (d'une sorte de terre argileuse, appelée terre à foulon, utilisée pour dégraisser la laine), qui ont ensuite été transformés en caves pour la plupart. Plusieurs de ces réseaux ont ensuite été fractionnés (murages pour délimiter plusieurs propriétés) ou au contraire, rassemblés. Les plus grands réseaux font quelques centaines de mètres maximum, les plus petits, une dizaine de mètres ! »
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L'extraction et le travail de l'argile sont des activités ancestrales de Villenauxe-la-Grande qui employaient des centaines d'ouvriers, mineurs de fond dits " gueules grises " et céramistes appelés " culs blancs ".
L'éco-musée présente ce travail de la mine et de la céramique à travers des vieux outils et de vieilles photos. Vous pourrez également apprécier les biscuits de porcelaine et admirer les démonstrations de montage et finition des biscuits par l'un des derniers ouvrier céramiste de Villenauxe-la-Grande. Il reste aussi dans le canton quelques ateliers artisanaux, notamment celui de Natacha Roche, à Barbuise.
Villenauxe-la-Grande ECO-MUSEE « ESPACE PATRIMOINE »Place Clemenceau 10370 Villenauxe-la-Grande
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h. Le samedi de 10h à 17h. Gratuit.
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LA PEINE DES HOMMES : DANS LES MINES D'ARGILE
Sur le sol boueux des galeries, dans une atmosphère saturée d'humidité, privés d'air pur et de soleil , des hommes ont peinés pour extraire l'argile et mettre à la disposition de tous, cette précieuse matière première. Pensons un peu à eux aujourd'hui, toutes aussi tueuses que les mines de mercure, d'or, de charbon etc... mais pas pour les mêmes raisons...
Les accidents ne sont pas rares dans ces « diots » comme nous disons en Romandie dans ce qui n'a guère plus de consistance qu'une motte de beurre, ils sont encore plus fréquents dans les mines souterraines d'argile semblables à celles du voisinage de Provins dans la Brie, cette riche province française qui éveille en nous le désir d'un fromage délicieux reposant délicatement sur son lit de paille. [...]
  Depuis 1850 et surtout pendant la seconde guerre mondiale, les chimistes se sont efforcés d'extraire l'aluminium ( Al 13) qu'il contient; mais les méthodes sont coûteuses et la base de l'industrie de l'aluminium est très complexe, reste un autre minerai relativement rare, mais très riche : la bauxite, Al 2o3 (son nom est tiré des Beaux-de-Provence le 23 mars 1821).
Surtout utilisée dans la fabrication des tuiles et des briques, l'argile est extraite de carrières à ciel ouvert, mais il reste ça et là de petites mine souterraines fournissant des terres de qualité particulière.
A Provins(en 1952) un millier de mineurs travaillent encore à une vingtaine de mètres sous le sol pour ramener la glaise,alluvions marines dont l'exploitation remonte à 2 siècles.


L'exploitation se fait dans des galeries courtes et basses, ne nécessitant qu'une organisation rudimentaire, rien ne rappelle la mise en scène des mines de charbon ou de fer, avec leurs roues gigantesques et les formidables amoncellements de déchets. Au fur et à mesure de l'avancement les « glaisier » pose des boisages, généralement des troncs d'acacias qu'ils doivent souvent remplacer car l'humidité les pourrit rapidement; ces bois supportent une poussée énorme l'argile ayant tendance à boucher immédiatement la galerie sitôt que le mineur l'a ouverte.

Le front de taille-qu'on appelle aussi la butte- ne présente aucune faille ou fissure permettant de faire des pesées avec des leviers. L'homme doit donc faire des failles artificielles en creusant des lignes verticales avec un crochet . Selon la consistance de la glaise, le pain ainsi découpé, pesant plus d'une tonne, est extrait de la masse soit avec un pic, soit avec une sorte de « fil à couper le beurre ». Débitée en petits morceaux, la glaise est remontée du fond au moyen de wagonnets qui crapahutent sur des rails disjoints. Le grisou n'étant pas à craindre, les travailleurs s'éclairent avec des lampes à acétylène dont la lumière tremblante se reflète sur les parois parfaitement polies.

Les qualités et les usages varient d'un chantier à l'autre : Ce sont des terres réfractaires qui supportent de très hautes températures - jusqu'à 1700°- ­ sans modification de leurs propriétés mécaniques. On les utilise dans la sidérurgie, le traitement des métaux, les fours à coke, les usines à gaz. Elles constituent la matière première pour la céramique et la faïence (la porcelaine se fabrique avec du kaolin (son principal composant est la kaolinite ensemble moléculaire théorique 2Si02,1Al203,2H2O) argile très pure, blanche et friable. Une petite anecdote : Sous l'occupation de la dernière guerre les marchands de savon , manquant d'huile, firent entrer dans leurs savonnettes une belle proportion d'argile, autant vous dire que les clients ne furent point enchantés
Dans les galeries, le travail, est très pénible, le sol glissant est recouvert d'eau boueuse, et l'atmosphère est saturée d'humidité (l'aération étant nettement insuffisante) en outre, c'est dangereux en raison du risque d’explosion dû à un mélange d’air et de gaz. Ce dernier prenait naissance dans le bois de mine pourrissant à cause de l’humidité ambiante. C’est le « coup de mine » aussi terrible que le « coup de grisou ».
Les mineurs des glaisières, « les gueules grises » sont payés au nombre de mètres cubes de glaise sortis. Afin de mesurer le volume extrait par chacun, des petits poteaux en bois sont plantés régulièrement le long de galeries. Tous les quinze jours, au moment de la paye, un responsable passe. Il donne un coup d’herminette sur le poteau correspondant à l’endroit où les mineurs se trouvaient lors de sa visite et comptait le nombre de poteaux le séparant de celui sur lequel il avait effectué le même geste quinze jours plus tôt. Il en déduisait ainsi la distance  parcourue par chaque ouvrier.
Aujourd'hui les mines sont devenues des carrières à ciel ouvert (depuis 1975) mais cette activité aura marqué la vie de nombreuses familles.



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Juillet 1976 [...] L’accident avait fait trois morts : mon père, ingénieur chef d’exploitation
[...] Le camp touchait à sa fin. Jean, le responsable du groupe de Provins fit une apparition soudaine. Il venait, avec sa femme, responsable elle aussi, que nous appelions tous Calam — abréviation de Calamity Jane —, nous chercher mon frère et moi : mon père était à l’hôpital, blessé dans un accident au travail, nous dirent-ils, il nous fallait rentrer pour aller le voir.
Je ne me souviens plus du trajet.
Je retrouvais cette bâtisse briarde, avec ses pierres équarries, ses marches, son perron, son corridor. Alors Jean nous dit que notre père était mort. Je n’ai pas pleuré ce jour-là. En fait c’est avec Christel que j’ai pleuré pour la première fois sur la mort de mon père et je ne pleurais vraiment que sur ma trahison.
Je suis sorti dans le jardin, je me suis placé devant un mur, j’ai crié merde, peut-être ai-je tapé du poing dans le mur, je n’en sais fichtre rien. Je sais qu’Olivier, mon frère, pleurait avec Calam.
Jean nous a conduit chez nous. J’y retrouvais ma mère et mon autre frère qui allait sur ses six ans. D’autres peut-être étaient déjà là, ou ils vinrent plus tard, pour l’enterrement. Je ne sais plus rien de tout cela et n’ai pas envie de m’en souvenir dans le détail. Ce qui me revient me suffit.
Il y eu l’enterrement. L’accident avait fait trois morts : mon père, ingénieur chef d’exploitation, un chef de chantier, tous les deux salariés de Denain-Anzin Minéraux, exploitant des mines de glaise de la région de Provins, et aussi un jeune pompier volontaire qui descendit avec le mauvais matériel.
Mon père et le chef de chantier devaient inspecter une mine fermée, un contrôle de routine. Cette mine de Chaleautre était la seule de la région a avoir un puits de mine par lequel on devait descendre, comme dans les mines de charbon du nord par exemple. La cage — l’ascenseur — ne s’arrête qu’au jour et au fond. On ne peut pas l’arrêter avant ni la faire remonter sans être descendu tout à fait. La chaleur exceptionnelle de cette année-là eut pour conséquence imprévu un développement de champignons sur les boisages des galeries et la production par eux de dioxyde de carbone. Un orage, quelques jours avant, avait fait disjoncter la machine qui assurait le renouvellement d’air au fond. Mon père fit une erreur : il n’alla pas vérifier que l’aération fonctionnait normalement. Il aurait alors vu la panne et il aurait alors pu renclencher le mécanisme. Il ne fit pas.
Ils rentrèrent à deux dans la cage et commencèrent à descendre. Mon père sut ce qui l’attendait. Ingénieur des mines de Douai, il se souvenait parfaitement des dangers des gaz. De plus nous avions échappé à la mort par asphyxie, du fait d’une fêlure dans la cheminée du chauffage centrale quelques années avant. Il s’est vu mourir asphyxié.
Ma mère m’a dit un jour, bien plus tard, que notre père avait pensé à nous, ses enfants, au moment de sa mort parce qu’il nous aimait. Je ne me souviens pas qu’il me l’ai jamais dit en autant de mots.
Au fond la cage s’ouvrit et le chef de chantier tomba, déjà mort. Mon père eut la force de renvoyer la cage vers le haut mais pas celle de rester debout. Il tomba et fut broyé entre la cage et boisage du puits.
Tout cela je ne le sus vraiment que vingt ans plus tard, lorsque je fus désigné comme représentant la famille aux cérémonies du vingtième anniversaire de l’accident, cérémonie qui coïncidait avec l’inauguration de la nouvelle caserne de pompier qui porte le nom du jeune volontaire, troisième victime de l’accident. Nous passâmes au moins une nuit à Provins chez des amis de mes parents, lui était encore ingénieur à Denain-Anzin. C’est lui qui me décrivit les circonstances de l’accident.
Je n’ai pas lu la relation de l’accident qui figure à la fin du livre mémorial sur les mines d’argile de Provins, que ma mère m’a offert. Je ne sais pas comment les pompiers furent prévenus ni par qui. Ce que je sais c’est que l’un d’eux voulut descendre avec les bouteilles d’oxygène classiques et qu’elles ne lui permirent pas d’atteindre le fond vivant. Il mourut à côté du chef de chantier. Ce n’est que lorsque les services de sécurité des mines virent avec leurs bouteilles spéciales qu’ils purent descendre puis remonter les deux corps.
Ce fut un traumatisme pour la ville, les officiels se crurent obligés de s’en mêler. Nous étions debout, en costume sombre, sous un soleil de plomb, près du cercueil de mon père, ma mère et nous, les trois enfants, et Madame Peyrefitte nous embrassa, comme on embrasse officiellement, joue contre joue avec un claquement sec des lèvres, Monsieur Peyrefitte, le maire, nous serra la main, nous adressant lui-aussi ses sincères-condoléances. Cela dura puis nous partîmes à pied vers le cimetière. À un moment un de mes oncles, le frère aîné de ma mère, faillit en venir aux mains avec un photographe qui voulait à toutes fins fixer les traits ravagés de ma mère. Il voulait une photo choc, il risqua un poing sur la gueule.
2005-05-16 — 2005-06-24 — Yvon Henel / Mons en Barœul
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Mineurs de glaise à Provins de Gerald Bloncourt  
                      Photos : Carrières souterraines : 1 - Calcaire       2 - Gypse       3 - Craie       4 - Sable
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 G comme Glaisières / La commune de Savins par Didier Galet, 4 juin 2013
« L’extraction de la glaise marque une certaine industrialisation pour la vie locale. De nombreux foyers en dépendaient et le travailleur n’avait pas le droit à l’erreur".
A la fin du 19ime siècle, avec le début de l’industrie, les besoins en argile augmentent considérablement. Débute alors l’industrialisation de l’extraction d’argile. Au début des années 1910-1920, l’exploitation de carrières à ciel ouvert est progressivement abandonnée au profit de l’extraction souterraine en galerie boisées qui préserve la surface des terres agricole et permet un bien meilleur rendement… jusqu’à l’apparition, dans les années 1970, de nouveaux moyens d’extraction mécanique.

 image: http://savins.evous.fr/local/cache-vignettes/L176xH140/mine_de_glaise_2-1be35.jpg
  La commune de Savins accueille trois glaisières souterraines, jusqu’au début des années 1970. Beaucoup de Savinois deviennent alors « mineurs en argile ». Ils travaillent sur place ou dans les villages alentours. Les habitants du hameau de Four, notamment, se rendent à pieds ou en vélo jusqu’aux carrières de Sognolles-en-Montois, Cessoy, Donnemarie…
Cette activité attire aussi des travailleurs étrangers. Principalement italiens.
Dans les entrailles de la terre.
Pour rejoindre leurs postes de travail, les glaisiers avancent courbés. Certains passages doivent même être franchis à quatre pattes. Les hommes, pourtant, lorsqu’ils ont ouvert les galeries, ont prévus une hauteur de 2 mètres 20 et ils ont étayé… parfois vite fait. Car bien que leur sécurité en dépende, ce travail n’est pas rémunéré. Mais quelque soit le soin apporté au boisage, le temps et l‘humidité, petit à petit, font s’affaisser les galeries. Il peut même arriver qu’au matin, les ouvriers découvrent que leur poste de travail de la veille soit enseveli. Si le patron veut récupérer le matériel, il devra payer aux mineurs le temps que cela leur prendra !
Là, dans les entrailles de la terre, la température est constante. Eté comme hiver, les glaisiers travaillent en maillot de corps avec un foulard à carreaux autour du cou, pour absorber les gouttes de sueur ou celles qui ruissellent le long des parois et leur glissent sur la nuque.
Lors de la pause méridienne, certains mangent sur place, afin de ne pas perdre de temps. Ils font tiédir leurs repas sur un réchaud de leur fabrication : une planche de bois, une boîte d’alcool achetée chez Raoul et quelques clous qui soutiennent la gamelle au-dessus.
D’autres retournent à l’air libre et se retrouvent dans la baraque de bois du chantier, autour du poêle. Une ancienne savinoise se souvient d’avoir, des années durant, amené la « gamelle » à son père, à midi. Sa mère disposait la viande et son accompagnement dans les compartiments séparés de la boîte en fer blanc et clipsait le couvercle par-dessus. Le mineur n’avait plus qu’à la faire réchauffer.
Outils et techniques
Dans les premiers temps, à Savins, on travaille dans les mines, avec des hoyaux, puis des truelles..(icono) Mais cette dernière ne permet au mineur d’extraire « que » 2 à 3 tonnes par jour. Le matériel et les techniques « d’abatage » évoluent au fil des années, notamment sous la pression de la demande d’argile grandissante.
Au début des années 1920, les mineurs de Savins adopteront la méthode du « fil et du crochet ». Elle permet, à l’aide de plusieurs outils - crochets, appareil à pic, roulette et carottes, de faire passer dans la masse d’argile un fil d’acier afin de réaliser une découpe cubique.
Les mineurs possèdent leurs propres matériels : leurs lampes à carbure – seul le gaz est fourni par le patron - et leurs outils, qu’ils amènent en double, au cas où l’un d’eux s’abimerait. Si l’ouvrier veut rentabiliser sa journée, rien ne doit venir affaiblir son rythme !
Ce sont donc les glaisiers qui, chaque samedi, affutent leurs instruments sur de petites forges portatives dotées d’un soufflet manuel. Ceux qui n’en ont pas s’adressent au maréchal ferrant du village, mais il leur en coûtera 30 centimes.
Puis, au milieu des années 1950, apparait le marteau bêche. D’une vingtaine de kilos, il fonctionne à l’air comprimé. Tenu à bout de bras, ses secousses sont rudes pour le mineur. Son bruit résonne dans la galerie. Mais le rendement est meilleur… Grâce à lui, un seul homme parvient à extraire entre 15 et 20 tonnes d’argile par jour !
Rouleurs et arpettes…
Les glaisiers sont secondés par des « rouleurs », qui acheminent les blocs vers l’extérieur sur des wagonnets qu’ils poussent…ou retiennent, si la pente est trop forte. A l’air libre, des « arpettes », souvent des femmes, « épluchent » la glaise sur de grandes tables, pour lui ôter ses impuretés.
Prévention, hygiène et sécurité…
Sous terre, au fur et à mesure des heures qui s’écoulent, les mineurs voient de moins en moins. La respiration des hommes et la combustion du carbure consomment de l’oxygène, entrainant la diminution des flammes des lampes …
Mais si ces dernières s’éteignent, il faut fuir. Vite ! Car c’est le signe de la présence de grisou, gaz principalement composé de méthane, susceptible d’exploser.
Les risques d’accidents dans les glaisières sont multiples. Outre les « coups de grisou », les galeries peuvent s’effondrer ou se retrouver brusquement inondées si un mineur crève une poche d’eau en travaillant. Les hommes se blessent aussi avec leurs outils ou les lourds wagonnets.
Par ailleurs, au contact prolongé de l’humidité et de la poussière d’argile, beaucoup souffrent de rhumatismes et de maladies respiratoires.
La principale précaution adoptée par les mineurs est de ne jamais travailler seul. Au fond d’une galerie, ils sont toujours au moins deux, sans compter l’éventuel « rouleur ».
Longtemps, les glaisiers ne portent ni casque, ni vêtement de sécurité. Personne ne veille au respect des consignes de sécurité. La seule chose qui compte est la quantité d’argile extraite, puisque le salaire en dépend. Mais la multiplication des accidents, des manifestations syndicales qui s’en suivent et la mécanisation du travail, conduisent progressivement à l’application d’une législation protectrice, à compter des années 1950.
Paie
Le glaisier est payé à la tâche, c’est-à-dire au poids ou au mètre d’avancement.
Si c’est au poids, l’ouvrier grave d’un signe qui lui est propre, à l’aide d’un clou ou d’un tampon, les blocs qu’il a extraits. A la sortie, son wagon est pesé.
Si c’est au mètre d’avancement – car la taille du chantier ne permet pas au patron de s’offrir une balance -, tous les 15 jours, le contremaitre met un coup de tampon là où l’ouvrier a arrêté son travail et il mesure la quantité de glaise extraite depuis la dernière fois.
La paie intervient toutes les deux semaines ou tous les mois.

 En savoir plus : G comme Glaisier "L’histoire de Céleste!"
 « L’itinéraire d’un glaisier… mais aussi l’illustration de cette génération d’italiens qui est venue habiter et s’intégrer dans le secteur attirée par les besoins de main d’œuvre dans les mines et pour l’extension du réseau est du chemin de fer… »
 
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SAINTE-COLOMBE proche Saint-Loup -de-Naud  et Provins
  Les premières exploitations d'argile remontent au XIXe siècle. De l'exploitation en galeries, il ne reste que quelques vestiges.
Les carrières aujourd'hui sont à ciel ouvert. Cette activité minière locale aura duré un siècle (de 1875 à 1975) et aura marqué la vie de nombreuses familles de la commune :
ETRE GLAISIER  : UN DUR METIER Témoignage d'un ancien mineur de fond Victor POUILLARD d'Ozoir la Ferrière 89 ans
Extrait du bulletin municipal d'Ozoir la Ferrière n° 18 - Décembre 1996
 
GLAISIER : Appellation locale pour désigner le Mineur en Argile ou l'ensemble des personnels travaillant dans des exploitations d'extraction d'argile, les glaisières.
« J'avais onze ans lorsque ma mère s'installa avec moi à Ste Colombe, près de Provins, et c'est dans ce petit village que je passai le certificat d'études. Après quoi, je découvris les dures réalités de la vie active.
Ste Colombe possédait en 1922 d'importantes mines d'argile, matériau dont on faisait, selon sa qualité, des briques réfractaires pour les hauts-fourneaux, des tuiles, ou de la faïence... Certaines carrières étaient exploitées à ciel ouvert, d'autres couraient à des profondeurs variables.
Après avoir travaillé quatre ans en surface, je me retrouvai à 21 mètres sous terre dès que j'eus dix-huit ans. Dans les galeries, le travail, très pénible, était en outre dangereux en raison du risque d'explosion dû à un mélange d'air et de gaz. Ce dernier prenait naissance dans le bois de mine pourrissant à cause de l'humidité ambiante. C'était le « coup de mine » aussi terrible que le « coup de grisou ».
Les mineurs des glaisières, « les gueules grises » étaient payés au nombre de mètres cubes de glaise sortis. Afin de mesurer le volume extrait par chacun, des petits poteaux en bois étaient plantés régulièrement le long de galeries. Tous les quinze jours, au moment de la paye, un responsable passait. Il donnait un coup d'herminette sur le poteau correspondant à l'endroit où nous nous trouvions lors de sa visite et comptait le nombre de poteaux le séparant de celui sur lequel il avait effectué le même geste quinze jours plus tôt. Il en déduisait ainsi la distance  parcourue par chaque ouvrier.
Bien sûr, nous trichions un peu, reculant de deux ou trois mètres  l'ancien poteau entaillé.  Nous n'avions pas trop mauvaise conscience car si les salaires s'avéraient corrects, les conditions de travail imposées ne l'étaient pas. L'air, surtout, nous manquait. Il parvenait théoriquement dans les galeries au moyen d'une machine à bras située en surface et qu'un gamin actionnait...quand il ne jouait pas avec ses copains. De toute façon, les tuyaux étaient en si mauvais état qu'on n'aurait pas soufflé une allumette au bout des galeries. Les jeunes comme moi parvenaient à respirer mais les hommes plus âgés étouffaient.
Un jour, il y eut un « coup de mine » près de l'endroit où je me trouvais. Grièvement brûlé aux mains et au  visage, je vis ma peau se décoller affreusement. Un docteur me soigna à l'acide picrique puis au pyrolcol, une huile verte épatante masquant les cicatrices. Cet accident m'ayant valu de côtoyer la mort d'un peu trop près, j'eus très envie de mettre un terme à ma carrière de mineur de fond. Il me fallut pourtant redescendre et ce n'est qu'à l'âge de vingt-trois ans que je décidai d'arrêter ce dangereux métier. »
                                                                  ▼                                                                                     ►
 Toujours plus  François de Closets, Grasset, 1984                                                                      
« Le travail est épouvantable : « Les glaisiers descendent au fond d’un puits, à quelques dizaines de mètres sous terre, par une benne rudimentaire qui sert aussi à remonter les wagonnets d’argile. Pour rejoindre leurs postes de travail, ils marchent courbés, dans des galeries boisées de plusieurs kilomètres, en enjambant les étais, les fondrières, les flaques d'eau. Le trajet est si long que le travail continu s'impose. Arrivé à son poste, le mineur s'y installe pour ses huit heures, sans autre arrêt qu’un casse-croûte. Souvent on fait les " trois-huit ". Un marteau-bêche d'une vingtaine de kilos qu'on doit tenir à bout de bras arrache les mottes de glaise.
« Dans l'air humide, les torses nus ruissellent de sueur. Les glaisiers abattent l'argile, la chargent sur les " berlines ", boisent les galeries dans le bruit assourdissant des marteaux pneumatiques, répercuté par les boyaux souterrains [...].
« Les accidents ne sont pas rares : déraillement d’un convoi de wagonnets pleins de glaise, qui s'emballent dans une galerie en pente et percutent des mineurs ; asphyxie par échappement de méthane ; coups de grisou, brusque affaissement des boisages. De temps à autre, une poche d’eau crève et déferle en cataractes dans les galeries. »
Dès cinquante ans, la plupart des glaisiers sont perclus de rhumatismes et atteints de silicose. Peyrefitte apporte une précision qui ne trompe pas : « Depuis le début des années 60, aucun des mineurs de charbon reconvertis dans une mine de glaise, après fermeture de leur houillère, n’a tenu plus de quelques semaines, tellement ils trouvent les conditions de travail plus pénibles. »
Ainsi, en cette seconde moitié du XXe siècle, des mineurs français travaillent encore dans les conditions des héros de Germinal, alors que, partout ailleurs, les techniques modernes ont diminué la peine des hommes au fond des mines.
A la Libération, les mineurs ont donc obtenu un statut qui leur assure, notamment, la retraite à cinquante ans. C'était vrai pour les mineurs de charbon, de fer. Pas pour les glaisiers. Ils étaient des ouvriers comme les autres qui partaient en retraite à soixante- cinq ans. La raison officielle de cette anomalie était purement administrative. La notion juridique de « mine » est limitée à des matériaux comme le charbon, le fer, le gaz, certains métaux. La glaise fait partie des matériaux que l’on exploite dans des « carrières ». Ainsi la mine de glaise est une carrière tandis que les mines de charbon à ciel ouvert de Provence sont, comme vous l'avez compris, des mines et non des carrières. Les glaisiers étaient donc des ouvriers. Pas des mineurs. »
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Les Catacombes: Histoire du Paris souterrain  - Gilles Thomas - Passage (Le) - 288 pages  google.fr/books
Les anciennes glaisières, ou carrières d'argile
« Car l’argile s’exploite bien en carrières (souterraines ou à ciel ouvert), bien que l’on parle de « mineurs en argile » pour évoquer ces « gueules grises ». En effet, c’est le Code minier qui définit, en fonction de la nature du matériau extrait, si l’on a affaire à une mine ou bien à une carrière^42 • un produit est considéré comme minier s’il est indispensable à l’économie, et dans ce cas il peut faire l’objet d’une concession par l’État.
  Ce n’est qu’en 1976 que les « glaisiers » obtinrent le statut de mineurs et la retraite à cinquante ans, par le travail persistant et l’entregent d’Alain Peyrefitte, de l’Académie française, mais également député-maire de l’arrondissement glaisier de Provins, commune qui me vit naître et grandir. Étant fils de mineur-glaisier, peut-être que mon intérêt pour les galeries souterraines vient aussi en partie de là ?
 «Alors, Yahvé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant»
1   Toujours est-il que les galeries souterraines furent une seconde naissance pour moi. Mettant mes pas dans ceux de mes aïeux (sans donc avoir besoin de remonter jusqu’à l’homme des cavernes pour expliquer cet atavisme), en allant baguenauder sous Paris je suis ainsi remonté aux sources, pas uniquement de l’Histoire mais aussi de ma propre vie : je suis effectivement entré dans la carrière, pendant que mes glorieux aînés étaient encore là !»
« A la sueur de ton visage, tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise " 2 
1 [Genèse 2:7 - trad. La Bible de Jérusalem] 2  [Genèse 3:19 - trad. La Bible de Jérusalem]
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 - LES MOULINS : Généralités 
 
- LE COUT DE LA VIE :  les valeurs des monnaies.
 - TRADITIONS LOCALES :  La Fête de la Rosière
 - SPECIALITES REGIONALES :- horticoles : la rose de Provins
 
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- LINGUISTIQUE - TOPONYMIE :- Les moulins sur l'Orvin  et le ruisseau de Charriot
 
                                                          - Polémiquel'Yonne coule à Paris et  Montereau-Fault-Yonne devrait s'appeler Montereau-Fault-Seine
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