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                                                                            JAULNES - Histoire 2
                                                                                     La « bataille des fossés » de Jaulnes  

 Reproduction de l'article : la baronnie de Bray, Seigneurie Royale de 940 à 1792 - chapitre III LA FIN D'UN EMPIRE
 
sur le site de Bray :  gallot.jean
« Louis d'Aquitaine, plus connu dans les manuels d'histoire sous le nom de Louis le Pieux ou Louis le Débonnaire, était en effet très dévot mais n'était débonnaire que par intermittence, passant de la faiblesse à l'excès de sévérité. On doit lui reconnaître le mérite d'avoir tenté de poser les bases de la pérennité de l'Empire en affirmant la primauté du principe unitaire sur les partages successoraux maintenus.
  Mais lui-même ne sut se tenir aux règles qu'il avait édictées, ses fils se révoltèrent, lui firent la guerre, puis guerroyèrent entre eux; c'était déjà le retour aux pires moments de l'époque mérovingienne...
  Louis le Débonnaire avait épousé Ermengarde en 798. De cette union naquirent au moins trois garçons: Lothaire, Pépin et Louis. Lorsqu'en 814, suite au décès de Charlemagne, Ermengarde se trouva impératrice d'Occident, au lieu de seconder Louis le Débonnaire en vue d'assurer la pérennité de l'Empire en maintenant les principes établis par Charlemagne, elle s'efforça au contraire de reprendre des anciennes coutumes des Francs pour le partage successoraux, dans le seul but d'assurer la fortune de ses fils au détriment de l'intérêt de l'Etat.
  Cependant, dès 814, l'Empereur Louis envoie Lothaire qui n'a que quatorze ans, régner sur la Bavière. En vue d'agrandir le futur patrimoine de ses trois fils, Ermengarde entreprend de récupérer tous les fiefs dont Charlemagne avait doté ses enfants illégitimes qu'elle fit cloîtrer. Puis elle s'en prend à Bernard, roi d'Italie, petit fils de Charlemagne et neveu de Louis, son époux, qu'elle fait déposer et condamner. Louis, par amour pour elle, consent à lui crever les yeux, il meurt le lendemain de son supplice. Ainsi Lothaire devient roi d'Italie. Ces événements se passaient en 818. Ermengarde ne survit pas longtemps à ses forfaits, elle mourut cette même année.
  Pourtant, sur les instances d'Ermengarde, Louis avait, l'année précédente, établi les clauses dans l'éventualité de sa succession.
En digne descendant de Charlemagne, Louis ne pouvait se complaire dans son veuvage. En vue de découvrir la compagne de ses rêves il organisa à Aix un concours de beauté en 819. Welf, comte de Bavière, y avait amené sa fille Judith dont les charmes décidèrent du choix de l'empereur. Le mariage fut célébré, et Louis commença une nouvelle vie. Un fils, Charles, naquit en 823.
Judith, à son tour songea à l'avenir de son enfant, et voulut pour lui un royaume comme en possédaient les fils de la première impératrice: Lothaire, Pépin et Louis. L'empereur se voit donc dans l'obligation de remanier son partage étable en 817. Après longue réflexion, il se décide, en 829, à attribuer l'Alamanie à Charles. Les princes qui n'admettent pas de modifications aux dispositions de l'an 817 se soulèvent contre leur père. Une assemblée à Compiègne envoie Judith au cloître et dépose l'Empereur.
  En 830, une nouvelle assemblée à Nimègue rétablit Louis le Débonnaire qui bientôt dépose Pépin et donne son royaume d'Aquitaine à Charles.
  Judith, purgée par serment du crime d'adultère avec Bernard de Septimanie, reprend son pouvoir.
  En 832, nouvelle coalition et en 833 à Rothfeld, Louis le Débonnaire est abandonné de tous, obligé de faire pénitence à Saint-Michel de Soissons et Judith reléguée à Tortone.
  En 835, Louis le Débonnaire reprend le pouvoir et en 837 donne un nouveau royaume à Charles.
  A la mort de Pépin, sur les instances de Judith, un nouveau partage est élaboré par le traité de Worms en 839.
En 840, l'empereur, à nouveau en conflit avec son fils Louis le Germanique, se préparait à lui livrer bataille lorsqu'il mourut dans une île du Rhin. Bien que reconnu empereur au décès de son père, Lothaire se retrouva bientôt en conflit avec ses frères, Louis le Germanique et Charles le Chauve, qui contestaient à nouveau les modalités de la succession concernant les territoires revenant  respectivement à chacun. Ces deux derniers se coalisèrent pour attaquer Lothaire qui, de son côté, avait fait appel à l'aide de son neveu Pépin II, roi d'Aquitaine.
  Le premier choc entre les deux groupes belligérants eut lieu aux environs du 15 juin 841 à Jaulnes, près de Bray-sur-Seine, dans la vallée où la Via Agrippa* franchit la Seine sur un pont de bois. Cette voie romaine reliait Lyon à Boulogne-sur-Mer. Jaulnes, d'origine gauloise avait été fortifiée par les Romains, et le croisement avec l'ancien chemin longeant le fleuve, ainsi que le trafic par bateaux avait donné une certaine importance à la cité. Pithou** évoque de terribles combats aux fosses de Jaulnes entre Lothaire et Charles le Chauve, précisant que ce fut une grande défaite pour la noblesse de Champagne. Ayant rassemblé ses troupes, Lothaire se dégagea en empruntant la voie romaine en direction du sud, peut-être pour tenter de tendre un piège à ses ennemis, ou encore, dans le but de se replier sur l'Aquitaine où des troupes fraîches pourraient assurer la victoire? Mais Louis le Germanique et Charles le Chauve le rattrapèrent près de Fontenoy-en-Puisaye le 25 juin 841, et lui infligèrent une cuisante défaite.
  Il s'en suivit une trêve qui aboutit au traité de Verdun le 10 août 843. Par ce traité, Lothaire recevait la Lotharingie qui avec le temps se transforma en Lothringen, puis en Lorraine, ainsi que toute une bande de territoire jusqu'à la Méditerranée. Il conservait le titre d'empereur, mais son fils Lothaire II ne sera que roi de Lorraine.
  Louis le Germanique prenait possession des territoires germaniques à l'Est de l'Empire.
  Charles 1er, dit le Chauve, se vit attribuer le pays des Francs qui devint ainsi le royaume de France.
  On peut rêver d'une Europe qui aurait traversé les siècles, unie, et à qui eussent été épargnées les innombrables guerres intérieures qu'elle subit jusqu'à nos jours, écrit Jacques Delpierre de Bayac. L'Empire de Charlemagne ne survécut même pas trente années à son fondateur, encore fut-ce par hasard, car de ses fils légitimés, un seul restait en vie à la fin du règne. »
 
NDR :
 * La Via Agrippa désigne le réseau de voies romaines en Gaule romaine mis en place par Agrippa au Ier siècle av. J.-C., à qui Octave avait confié l’organisation des Gaules. Dans le texte, il s’agit, ici, de la Via Agrippa de l'Océan, reliant Lyon (Lugdunum) à Boulogne-sur-Mer (Gesocribate), qui ; passe par Autun, Auxerre, Sens, (Agedincum), traverse la Seine-et-Marne du sud au nord, en passant par Jaulnes, Châteaubleau, Chailly-en-Brie et Meaux (Lantinum) et continue en direction de Senlis, Beauvais, Amiens
** 
Pierre Pithou < sur le site<Troyes d'hier à aujourd'hui>

Recherches chronologiques, historiques et politiques sur la Champagne ; sur les villes, bourgs, villages et monastères du pays partois ;… Charles Maxime DETORCY-DE TORCY TROYES, Laloy, libraire. 1832 (Livre numérique Google)
« Voici ce qu'on lit sur cette bataille dans l'Almanach de Sens, année 1789, page 29, article Jaulnes :
"Cette paroisse a été le théâtre d une fameuse bataille, dont parle Pithou dans ses notes sur la coutume de Troyes, et Velly, dans son Histoire de France, t. 2, p 57 ; mais ni l'un ni l'autre ne nous ont (sic) dit à qu'elle (sic) occasion cette bataille fut donnée, et qu'elles (sic) en furent les suites. Tout ce que l'on en sait, c'est que les nobles de Champagne furent défaits aux fossés de Jaulnes, qu'ils périrent presque tous et que les comtes de Champagne, pour rétablir le corps de la noblesse qui, sans cela, aurait couru les risques d'une entière extinction, furent forcés de déroger à l'usage constant de la France, en accordant aux Champenois le droit de pouvoir tirer leur noblesse du côté de la mère. Ce droit, par lequel le ventre ennoblit, est ainsi exprimé dans le premier article de la coutume de Troyes." Les aucuns sont nobles, les autres non nobles : ceux sont nobles qui sont issus en mariage de père ou de mère noble, et suffit que le père ou la mère soit noble, posé que l'autre desdits con joints soit non-noble, ou de serve condition". »
- texte republié quasi intégralement (erreurs orthographiques corrigées), dans :
Guide pittoresque du voyageur en France: contenant la statistique et la description complète des 86 départements, Volume 1   par Girault de Saint-Fargeau, Didot frères, 1837 p.17 (Livre numérique Google)
«JAULNES Village situé à 5 l.1/2 de Provins. Pop 400 hab. Ce village a été le théâtre d'une fameuse bataille dont parlent Pithou dans ses notes sur la coutume de Troyes et l'abbé Velly dans son histoire de France, t. II, page 57. Mais ni l'un ni l'autre ne dit à quelle occasion cette bataille fut donnée, et quelles en furent les suites...»
- texte republié intégralement, page pour page, dans :
Panorama pittoresque de la France ...: les principales villes, les ports de mer, les établissements d'eaux minérales et les chateaux pittoresques, les édifices, monuments, sites remarquables, etc. ... Firmin-Didot frères 1839 (Livre numérique Google)
- texte republié quasi intégralement, dans :
Nouvelle histoire de Paris et de ses environs  Jules de Gaulle, Nodier Pourrat, 1841 (Livre numérique Google)
« A cinq lieues et demie de Provins on trouve le village de Jaulnes qui a été le théâtre d une fameuse bataille dont parlent  dans ses notes sur la coutume de Troyes, et l'abbé Velly dans son histoire…»  

Dictionnaire féodal, 2 Jacques Collin de Flancy  Libr. Constitutionnelle de Brissot-Thivars, 1820  (Livre numérique Google)-330 pages 
 p.103 [...] Plusieurs historiens assurent qu’il resta près de cent mille Français sur le champ de bataille à la fameuse journée de Fontenay en 841. Presque tous les guerriers venus de la Champagne y périrent ; ce qui a donné lieu de fixer à cette époque la coutume de la province de Champagne, par laquelle le ventre anoblit ; c est à dire que la mère anoblit les enfans, quoique le père soit roturier. Il paraît certain que ce privilège, qui ne subsiste plus, a été accordé aux femmes nobles, pour rétablir le corps de la noblesse, qui fut presque anéanti, d’abord à la journée de Fontenay, ensuite en Afrique, sous le règne de saint Louis, et enfin aux Fossés-de-Jaulnes, auprès de Bray. Cette concession ne peut qu’ être infiniment honorable à la Champagne, sous quelque règne qu’on la place ; mais est-il bien sûr qu on doive la fixer sous celui de Charles-le-Chauve (2) ? ..
(2) L abbé Bertou Anec.  Françaises.- Mais, pour que le fils, qui tirait sa noblesse du ventre de sa mère, fût réputé véritablement noble, il fallait q’ il renonçât au tout, [...]
 
 Histoire topographique, politique, physique et statistique du département de Seine-et-Marne, vol 2,  par E H Félix Pascal
 pages 319 - 320 - 321   (Livre numérique Google)
 « Le village de Jaulnes est situé sur la rive gauche de la Seine entre le fleuve et la route de Mézières à Orléans.
  Si l’on en croit la tradition, l’origine de ce village monterait a la plus haute antiquité. Dès le temps des Romains, il aurait été une place forte, une ville dont le château de Bray n’était qu’une dépendance ; mais on ne donne aucune preuve plausible de cette conjecture.
  D’autres historiens ont avancé qu’une grande bataille s’était donnée aux Fossés de Jaulnes, la noblesse champenoise  fut défaite et y périt presque entièrement ; que ce fut la cause de cet usage exclusif à la Champagne, où le ventre anoblissait : usage que la coutume de Troyes consacrait son premier article ainsi conçu :
  «  Les aucuns sont nobles, les autres non nobles : ceux là sont nobles qui sont yssus en mariage de père ou de mère nobles ; et suffit que le père ou la mère soit noble ; posé que l’autre desdits conjoints soit non noble ou de serve condition. »
  Mais on ignore à quelle époque eut lieu cette bataille, à quelle occasion elle a été donnée, et quelles furent les troupes qui y combattirent ; on peut même raisonnablement douter qu’elle ait eu lieu. Il est plus vraisemblable, comme le dit Velly *, que les comtes de Champagne, toujours attentifs à faire fleurir le commerce dans leurs états, imaginèrent cette communication de la noblesse aux négocians, comme un moyen des plus efficaces pour exciter l’émulation parmi leurs sujets. C’était, ajoute le même auteur, couronner les travaux du roturier et donner au noble l’éclat qui suit toujours les richesses. [...]
  *  Histoire de France
  
Compléments à consulter sur le site :    
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_1.le site de Jaulnes
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_3.la noblesse utérine
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_4.le.veritable.emplacement.de.la.bataille.de.Fontanetum
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_5.la seigneurie de Villeceaux
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_6.le château de Villeceaux (illustrations)
DOCUMENTS.Les 24 communes du Canton de Bray.sur.Seine : Jaulnes 

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