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                                                                        JAULNES - Histoire 3
                                                          La noblesse utérine
                                                              (conséquence de "la bataille des fossés")
 
 Recherches chronologiques, historiques et politiques sur la Champagne, ; sur les villes, bourgs, villages et monastères du pays partois ;… Charles Maxime DETORCY-DE TORCY TROYES, Laloy, libraire. 1832 (Livre numérique Google) p. 356 & suiv.
"Pierre Pithou en parlant du privilège d’anoblissement par mère, admis par l’article 1 de la coutume de Troyes, ne dit pas, mais il rapporte qu’on dit : « Qu’après une grande deffaicte des nobles de Champagne, aux fossez de Jaulnes,  prez Bray, il fut permis aux femmes nobles de se marier à roturiers, avec ce privilège au ventre, d’anoblir.  De faict, ajoute- t- il, il a tousjours ainsi esté practiquez, dez le temps des anciennes coustumes de Cham pagne, comme il se veoid par l’article 20 d’icelles. »  
Voici ce qu’on lit sur cette bataille dans l’Almanach de Sens, année 1789, page 29, article Jaulnes :
  « Cette paroisse a été le théâtre d une fameuse bataille,  dont parle Pithou dans ses notes sur la coutume de Troyes, et Velly dans son Histoire de France t. 2, p 57 ; mais ni l’un ni l’autre ne nous ont (sic) dit à qu’elle (sic) occasion cette bataille fut donnée, et qu’elles (sic) en furent les suites. Tout ce que l’on sait, c’est que les nobles de Champagne furent défaits aux fossés de Jaulnes, qu’ils périrent presque tous, et que les comtes de Champagne, pour rétablir le corps de la noblesse, qui, sans cela, aurait couru les risques d une entière extinction, furent forcés de recourir à l u sage constant de la France, en accordant aux Champenois le droit de pouvoir tirer leur noblesse du côté de la mère. Ce droit, par lequel le ventre anoblit, est ainsi exprimé dans le 1er article de la coutume de Troyes : « Les anciens sont nobles, les autres non nobles ; ceux sont nobles qui sont issus en mariage de père ou de mère noble, et suffit que le père ou la mère soit noble, posé que l’autre desdits conjoints soit non-noble ou de serve condition. ».  [NDR : voir note, à la fin de l'article, concernant le surlignage de ce passage]
   « On cite plusieurs arrêts qui confirment ce privilège. Une femme nommée Duval, ayant épousé un roturier dont elle eut des enfans, institua, après la mort de son mari, son fils héritier, à la charge de porter son nom, dans la crainte que celui de son père ne perpétuàt la honte et le déshonneur de ce mariage. Les parens paternels s’opposèrent à l exécution de cette clause ; mais le testament fut confirmé, malgré l opposition, par arrêt de la prononciation de Noël 1599. »
 André Favin, dans son théâtre d honneur, raconte que le ventre commença d’anoblir en Champagne, par privilège, après la bataille de Massoure, où saint Louis fut pris parles Sarrazins, et où presque toute la noblesse Champenoise fut tuée ou demeura prisonnière en Afrique. Ainsi, cet historien fixe à l’ an 1250 un privilège établi l an 1224, par une loi écrite.
  Enfin nous lisons, dans des mémoires manuscrits l’histoire de la ville de Vitry : « Le privilège d’anoblir  par mère fut un don de Henri I, comte de Champagne, fait par une charte du mois de septembre, an 1178.  Ce prince se croisa de nouveau cette année pour la Terre-Sainte, partit l’année suivante avec Philippe de Courtenay, frère du roi. Presque toute la noblesse de la comté de Champagne et de Brie suivit Henri. L’expédition ne fut pas heureuse. Ce récit s’accorde avec l’histoire, qui nous instruit que Henri, en s’en revenant par l’Asie-Mineure, et l’Illyrie, tomba, l’an 1180, dans une embuscade qu’on lui avait dressée, perdit sa liberté, et que la plupart de ses gens y furent tués. Henri, délivré par l’empereur grec, continua sa route, et arriva en France le 10 mars 1181, mais avec une santé si délabrée, qu’il mourut à Troyes sept jours après son retour.
   On voit que tous ces auteurs, dit Durand dans son Petit Traité de la noblesse, se contredisent pour le lieu de la bataille, et contredisent aussi les textes des coutumes, car il n’y est pas fait mention des veuves de ces anciens nobles, mais généralement des enfans nés de femmes nobles et de maris non nobles. 
Quoiqu’il en soit de la première institution de la noblesse utérine de Champagne, et quoiqu’on ne trouve pas de lettres attributives de ce privilège dans l histoire ni ailleurs, antérieures à l’an 1224, on peut raisonnablement dire que ce privilège est respectable par son antiquité, et qu’il procède d une cause extraordinaire. Il faut aussi croire que si cette prérogative n’a pas été concédée à perpétuité, elle a dû finir aux femmes et filles vivantes des mariages desquelles sortirent des nobles ; que la cause cessant, le privilège a dû aussi cesser d avoir lieu. Cependant, comme s’explique l’ article 20 des droits et coutumes de Champagne, et les coutumes particulières des bailliages de ce comté, rédigées en 1509, il semblerait que d’autres mariages se continuèrent, que les enfans nés de ces mariages jouirent des mêmes prérogatives de noblesse par leurs mères ; que ce privilège, établi par une possession immémoriale, est ainsi devenu le droit civil et commun de la Champagne, où il a été inviolablement gardé et observé jusqu’à la fin du dix huitième siècle. » [...]"
NDR : note concernant le surlignage
- passage republié quasi intégralement (erreurs orthographiques corrigées), dans :
Guide pittoresque du voyageur en France: contenant la statistique et la description complète des 86 départements, Volume 1   par Girault de Saint-Fargeau, Didot frères, 1837 p.17 (Livre numérique Google)
«JAULNES Village situé à 5 l.1/2 de Provins. Pop 400 hab. Ce village a été le théâtre d'une fameuse bataille dont parlent Pithou dans ses notes sur la coutume de Troyes et l'abbé Velly dans son histoire de France, t. II, page 57. Mais ni l'un ni l'autre ne dit à quelle occasion cette bataille fut donnée, et quelles en furent les suites...»
- texte republié intégralement, page pour page, dans :
Panorama pittoresque de la France ...: les principales villes, les ports de mer, les établissements d'eaux minérales et les chateaux pittoresques, les édifices, monuments, sites remarquables, etc. ... Firmin-Didot frères 1839 (Livre numérique Google)
- texte republié quasi intégralement, dans :
Nouvelle histoire de Paris et de ses environs  Jules de Gaulle, Nodier Pourrat, 1841 (Livre numérique Google)
« A cinq lieues et demie de Provins on trouve le village de Jaulnes qui a été le théâtre d une fameuse bataille dont parlent Pithou dans ses notes sur la coutume de Troyes, et l'abbé Velly dans son histoire…»  

Recherches sur la noblesse maternelle
Bibliothèque de l'école des chartes Année1861, Volume 22, p.124
..."la noblesse utérine comme un privilège attribué exclusivement à la province de Champagne et au Barrois mouvant. L'origine en était assez incertaine.
D'abord on prétendit que la noblesse de Champagne avait été tellement décimée dans une bataille, au neuvième siècle, qu'on avait dû recourir à ce moyen pour la reconstituer. Malheureusement cette tradition ne repose sur aucune donnée certaine : bien qu'on ne soit pas sûr du nom du lieu où se passa ce combat si meurtrier, et que l'on cite les noms de Fontenay, Fontanet, Chably, Bray-le-Comte et les fossés de Jaulnes, il est admis qu'il s'agit de la bataille livrée en 841 entre les fils de Louis le Débonnaire. D'autres supposent que les pertes causées par les croisades à la noblesse champenoise motivèrent cette dérogation au droit du moyen âge. Ici encore il s'agit d'une supposition gratuite et que des textes ne viennent pas justifier.
Grosley pane que les comtes de Champagne, voulant faire fleurir le commerce dans leurs domaines, ont pu donner ce privilège pour faciliter l'alliance des filles nobles avec les commerçants ; cette opinion a été soutenue récemment par Laferrière, qui admet que la noblesse utérine élevait le commerce et la bourgeoisie an rang de l'aristocratie féodale, et alimentait celle-ci de leur richesses1.
  Nous allons passer en revue les textes qui se rattachent à cette question, et tâcher de prouver que la noblesse utérine n'estpas autre chose qu'une fiction perpétuée par l'amour-propre intéressé de ceux qui voulaient à tout prix éviter d'être roturiers2.
  On a allégué la « Coutume établie le jour de Noël 1224 par le «roi Thibaut en faveur de la Champagne et de la Brie. » [...]"
 1. Laferrière Histoire du droit français, t. Vl. p. 68 et seq.
 2. A la  fin du dix huitième siècle, il y eut, en basse Bretagne un mouvement populaire sous l’influence duquel fut rédigéee  une sorte de convention démocratique, dont l’un des articles mérite d’être cité ici : « Que pour affermir la paix et la concorde entre les gentilshommes et les nobles habitants desdites parouesses, il se fera des mariages entr’eux à condition que les nobles choisiront leurs marys de condition commune qu’elles anobliront et leur postérité quy partagera esgallement entr’eux les biens de leurs successions. » A D des Côtes du Nord.

Histoire topographique, politique, physique et statistique du département de Seine-et-Marne, vol 2,  par E H Félix Pascal
 pages 319 - 320 - 321  (Livre numérique Google) 
 « Le village de Jaulnes est situé sur la rive gauche de la Seine entre le fleuve et la route de Mézières à Orléans.
  Si l’on en croit la tradition, l’origine de ce village monterait a la plus haute antiquité. Dès le temps des Romains, il aurait été une place forte, une ville dont le château de Bray n’était qu’une dépendance ; mais on ne donne aucune preuve plausible de cette conjecture.
D’autres historiens ont avancé qu’une grande bataille s’était donnée aux Fossés de Jaulnes, la noblesse champenoise  fut défaite et y périt presque entièrement ; que ce fut la cause de cet usage exclusif à la Champagne, où le ventre anoblissait : usage que la coutume de Troyes consacrait son premier article ainsi conçu :
  «  Les aucuns sont nobles, les autres non nobles : ceux là sont nobles qui sont yssus en mariage de père ou de mère nobles ; et suffit que le père ou la mère soit noble ; posé que l’autre desdits conjoints soit non noble ou de serve condition. »
 
Compléments à consulter sur le site :    
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_1.le site de Jaulnes
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_2.la bataille des.fossés
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_4.le.veritable.emplacement.de.la.bataille.de.Fontanetum
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_5.la seigneurie de Villeceaux
DOCUMENTS.Histoire.Jaulnes_6.le château de Villeceaux (illustrations)
DOCUMENTS.Les 24 communes du Canton de Bray.sur.Seine : Jaulnes


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